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Elisabeth Ière (1533-1603) fut reine d’Angleterre et d’Irlande de 1558 à sa mort.
C’est la fille du roi Henry VIII et de sa seconde épouse, Anne Boleyn. C’est sa seconde fille, après Mary, la fille de la première reine, Catherine d’Aragon. C’est la dernière reine issue de la dynastie des Tudor.
Sa mère fut exécutée quand elle avait trois ans, lui faisant perdre son titre de princesse et la rendant à son tour illégitime, comme sa demi-sœur Mary. Ce n’est que sous l’influence de la dernière épouse de son père, Catherine Parr, qu’elle et Mary retrouvèrent leur place dans l’ordre de succession, Elisabeth étant la troisième.
Elle reçut une éducation stricte et complète : très jeune, elle apprit l’italien, le français, l’espagnol, et le flamand. Elle étudia la géométrie, la rhétorique et l’astronomie, le grec. C’était une enfant brillante qui eut d’excellents professeurs. A la fin de sa vie, elle parlait aussi le gallois, le cornique, le scots et l’irlandais. A la fin de ses études, en 1550, à 17 ans, elle était une des femmes les plus cultivées de sa génération.
Henri VIII décède en 1547 et son demi-frère Edouard lui succède, à 9 ans, sous le nom d’Edouard VI. Sa belle-mère, Catherine Parr, épousa le lord-protecteur Thomas Seymour, et le couple obtint sa garde. Le comportement inapproprié sexuelle de Symour fut révélé après la mort de son épouse et il fut exécuté par Edouard VI en 1549. Le roi décéda en 1553 à 15 ans. Son testament excluait ses demi-sœurs du trône, mais il fut rejeté et Mary devint reine, avec Elisabeth à ses côtés.
L’union des deux sœurs ne dura malheureusement pas : Mary voulait rétablir le catholicisme et écraser le protestantisme dans lequel Elisabeth avait été élevée. Les choses empirèrent quand elle épousa l’héritier du roi d’Espagne, Philippe. Mary devint impopulaire et le peuple se tourna vers Elisabeth, en particulier lorsque la reine entama une persécution religieuse que tous reconnaissent comme atroce.
Après l’échec d’une révolte soutenant Elisabeth, en 1554, celle-ci fut emprisonnée pendant deux mois à la Tour de Londres, avant de passer 4 ans en résidence surveillée, entre le palais de Woodstock et Hatfield Palace. Après une grossesse nerveuse, Mary mourut en 1558, reconnaissant à contrecœur sa demi-sœur comme héritière légitime.
Elisabeth fut couronnée avec liasse par le peuple dans l’abbaye de Westminster. Elle s'entoura d'un groupe de conseillers de confiance, mené par William Cecil. Elle rétablit l'autorité de l'Église protestante anglaise, et devint le gouverneur suprême de l'Église anglicane. Elle se montra tolérante et pragmatique sur le plan religieux, cherchant à trouver un consensus pour satisfaire les protestants mais aussi apaiser les catholiques. Elle mixa finalement les deux religions, rejetant les protestants les plus extrêmes.
Elle mena cependant une politique de persécution à l'égard des catholiques après 1570, lorsque le pape l'excommunia et encouragea ses sujets catholiques à ne plus lui obéir.
La reine, qui échappa à plusieurs complots, adopta une diplomatie prudente et ménagea les grandes puissances européennes qu'étaient la France et l'Espagne. Elle soutint le roi Henry IV de France, mais n’était guère désireuse de faire la guerre : elle ne soutint qu'à contrecœur plusieurs campagnes militaires dans les Pays-Bas, en France et en Irlande qui échouèrent en grande partie du fait de manque de ressources. La guerre qui couvait contre l’Espagne depuis longtemps éclata finalement, et fut notamment marquée par la défaite en 1588 de l’Invincible Armada à envahir l'Angleterre.
Le règne d’Elisabeth vit un épanouissement littéraire (Shakespeare, Marlowe) et architectural, ainsi que le florissement du commerce, porté par l’établissement de colonies dans le Nouveau-Monde et les prouesses maritimes d'aventuriers, comme Francis Drake et Walter Raleigh.
Un conflit éclata avec sa cousine, Marie Ière d’Ecosse, potentielle héritière d’Angleterre. Après que celle-ci fut forcée d’abdiquer par son peuple, elle chercha l’aide de sa cousine, mais Elisabeth préféra finalement jouer la carte de la prudence et la fit emprisonner pendant 19 ans. Après qu’elle ait été mêlée, directement ou indirectement, à plusieurs complots, la reine fut convaincue de sa culpabilité et ordonna son exécution en 1587. Elle fut cependant hantée par les remords toute sa vie.
Vers la fin de son règne, des problèmes économiques et militaires affectèrent sa popularité. Élisabeth est cependant reconnue pour son charisme et son caractère obstiné, permettant 44 ans de stabilité après plusieurs décennies indécises.
Marquée par son enfance, amoureuse de son ami d’enfance, Robert Dudley, défiante vis-à-vis de tout pouvoir masculin, Elisabeth ne se maria jamais, luttant toute sa vie pour conserver sa liberté, alors que tous la pressaient de le faire. Elle fut surnommée la reine vierge, se déclarant mariée à l’Angleterre et à ses sujets. Comprenant qu’elle ne nommerait jamais d’héritier, le nouveau chef du conseil, Robert Cecil, prépara en secret sa succession, entamant une correspondance avec son cousin le roi d’Ecosse, Jacques VI. Ce fut un succès, et même si la reine ne se prononça jamais officiellement en sa faveur, elle fit connaitre sans ambiguïté son avis.
Marquée par une série de deuils brutaux, épuisée, la reine mourut en 1603, à 69 ans, mettant fin à la lignée des Tudor. Jacques VI lui succéda, entamant la nouvelle lignée des Stuart. La reine fut enterrée auprès de sa demi-sœur, provoquant un deuil national.
