Télé Loisirs

 Elle est l'âme de cette turbulente smala qui, depuis quinze ans, tient une place à part dans le coeur des Français.

 Attablée à l'issue de la projection des nouvelles aventures de sa tribu formidable, elle évoque sa vie d'actrice, de femme, l'âge, l'écriture, avec passion et sincérité.

 Débuter une comédie par un enterrement, c'est gonflé !

 Il fallait oser ! A nos âges, on est tous confrontés au deuil. Le thème a émergé de nos discussions avec Joël [Santoni, auteur et réalisateur, ndlr]. Après avoir fait les pieds au mur la saison passée entre le Viagra et nos "robinsonnades", on revient à une certaine vérité.

 Depuis quinze ans que vous prêtez vie à Catherine, finit-elle par se confondre avec vous ?

 Il faut bien qu'elle ait un nom et un métier, mais je la joue au plus près de la peau. Catherine Beaumont, c'est moi. Sauf qu'elle est plus tonique. Bernard Le Coq et moi sommes les acteurs les plus fatigables qui soient... On a un tout petit réservoir d'énergie.

 Cette Famille formidable a-t-elle changé votre vie ?

Je venais d'écrire Le Voile noir, sur la mort de mes parents, et je priais les anges qu'ils m'envoient une comédie. Ils m'ont exaucée. Puis, j'ai rencontré Joël Santoni et j'ai découvert qu'il était orphelin, comme moi. Je me suis dit qu'il n'y avait pas de hasard. De par notre enfance, Joël et moi avons cette capacité, face au drame, rebondir très haut dans le rire et la folie. On a pris cette famille Beaumont à bras-le-corps, on en a fait une création artistique commune, emballée par une troupe de comédiens magnifiques.

 Vous aussi, vous avez une famille formidable...

 Mon fils est concepteur de jeux vidéo, c'est un vrai geek [passionné, fou d'informatique, ndlr], et ma fille suit ma voie. Elle a toutes les qualités pour faire une longue carrière, à commencer par une santé morale de paysans. Pour garder l'envie, il ne faut pas craindre le lendemain !

 Qu'écrivez-vous en ce moment ?

 Ce n'est pas une période pour écrire, mais à vivre, à éprouver. Je viens de passer un grand cap avec la soixantaine, le départ de mes enfants, et de mon dernier mec aussi, il y a deux ans. Tout cela était nécessaire, mais c'est assez violent à vivre. J'ai passé mon temps à remplir le frigo, à cuisiner pour tout le monde et, brutalement, plus rien. A 60 ans, j'entame le dernier tiers de ma vie : je ne veux pas le louper. J'ai des heures noires, comme tout le monde, des coups d'automne dans l'aile, mais je positive... Comme Catherine.

Source : Télé-loisirs n° 1140 du 31 décembre 2007 au 6 janvier 2008.